"Il y a aujourd'hui une "internationale des générations" à laquelle appartiennent aussi nos petits-enfants. Ils sont nos voisins dans le temps. Si nous mettons aujourd'hui le feu à notre maison, le feu gagne l'avenir et, avec notre maison, tombent aussi en cendres celles pas encore construites de ceux qui ne sont pas encore nés. Nos ancêtres aussi appartiennent à cette internationale, car avec notre fin ils périront eux aussi, pour la seconde fois et, cette fois-ci, de façon définitive."
Günther Anders, La Menace nucléaire : considérations radicales sur l'âge atomique. 1972

samedi 10 mars 2012

Le paradoxe de l'élu et le citoyen

Mardi 6 mars au cinéma l'Eden de Monségur avait lieu une réunion publique sur l'implantation d'une nouvelle antenne-relais dans le quartier de la Croix Haute. De nombreux habitants s'étaient élevés contre ce projet, ils l'avaient fait savoir lors de la réunion organisée par le Maire pour permettre à l'opérateur SFR de présenter son dossier. Premier problème : cette réunion a eu lieu en mairie à 10h du matin, si bien que nombre de conseillers municipaux ne purent s'y rendre en raison de leur activité professionnelle. Deuxième problème : les habitants contestataires ne purent se faire entendre de la municipalité. C'est alors que nous autres écologistes vinrent leur prêter main forte en les mettant en contact avec la Coordination Nationale des collectifs contre les antennes-relais qui, avec le soutien de la Conseillère Régionale Marie Bové, s'était emparée de la question à Bordeaux, Léognan, Cursan, permettant l'ouverture d'un débat démocratique.
Car la signature d'un accord entre le Ministre de l'Industrie et de l'Economie Numérique, Eric Besson, et les opérateurs privés, permet à ceux-ci de s'implanter dans n'importe quelle ville ou village sans consulter les élus locaux. Pourtant ces derniers ne manquent pas d'alternatives pour refuser ce déni de démocratie.
Et c'est là que se manifeste le paradoxe de l'élu local. Quand certains alertent la presse, résistent, font savoir leur opposition, d'autres en revanche font tout pour éviter de faire des vagues. Pourtant c'est bien la mobilisation des élus, lorsqu'ils sont aux côtés des citoyens, qui permet d'obtenir des résultats. Ainsi, les élus du Sud-Gironde ont réussi à stopper le projet de décharge de Lerm et Musset, projet contre lequel l'association des Amis du Barthos s'était mobilisée depuis près de deux ans. De même le candidat Gilles Savary est tout à fait dans son rôle lorsqu'il intervient pour défendre le barrage de La Trave à Préchac, menacé absurdement de fermeture.
Telle ne semble pas être l'attitude de ceux qui, sur la question de l'antenne-relais de Monségur considèrent soit qu'ils font ce qu'il faut -ce qui est loin d'être le cas- et dénient à la population le droit de s'occuper de ses affaires, soit en appellent à celle-ci, prétextant de leur impuissance.
Jouer des paradoxes conduit ainsi l'élu tantôt à affirmer sa toute-puissance, tantôt à invoquer l'impuissance, renvoyant le citoyen à sa seule responsabilité.
Pour nous, la crise politique est trop grave pour jouer avec la responsabilité de l'élu. Celui-ci ne doit jamais oublier qu'il n'est que le représentant du peuple et qu'en tant que tel il a la charge de le représenter. L'élu doit avoir un pied dans les institutions et un pied sur le pavé ou la terre ferme. 
Et ceux qui se plaignent de n'avoir que peu de pouvoir comme élus locaux, qu'ils viennent nous rejoindre derrière les banderoles, nous leur y laisserons bien volontiers une place !
DJ