"Il y a aujourd'hui une "internationale des générations" à laquelle appartiennent aussi nos petits-enfants. Ils sont nos voisins dans le temps. Si nous mettons aujourd'hui le feu à notre maison, le feu gagne l'avenir et, avec notre maison, tombent aussi en cendres celles pas encore construites de ceux qui ne sont pas encore nés. Nos ancêtres aussi appartiennent à cette internationale, car avec notre fin ils périront eux aussi, pour la seconde fois et, cette fois-ci, de façon définitive."
Günther Anders, La Menace nucléaire : considérations radicales sur l'âge atomique. 1972

dimanche 8 avril 2012

Une île qui revient de loin

Il y a cinq ans la culture de maïs Ogm était autorisée en France. L'Etat avait publié une carte des cultures transgéniques mais la localisation restait délibérément vague : nous savions seulement que 42 hectares de maïs Ogm étaient cultivés dans le canton de Cadillac.
Les Faucheurs Volontaires et l'association Vigilance OGM 33 explorèrent les bords de Garonne pour dénicher ces cultures. Un test mis au point par Greenpeace permettait, en écrasant les feuilles d'épis, de détecter les maïs transgéniques. C'est ainsi que nous sommes parvenus à localiser les 42 hectares sur l'île de Raymond, commune de Paillet.
Le 4 août 2007, une manifestation fut organisée dans les rues de Bordeaux, les manifestants arborant les épis de l'île de Raymond. Ces derniers terminèrent leur parcours dans la cour de M. le Préfet de la Gironde sous les hourras de la foule ! Voir vidéo.
http://www.dailymotion.com/video/x2pm19_manif-anti-ogm-bordeaux_news?search_algo=1

En septembre nous avons organisé une réunion publique dans la salle municipale de Paillet qui connut un franc succès. Le maire de l'époque nous certifia qu'il n'avait pas été informé de la présence de culture Ogm sur sa commune.
Au printemps suivant, l'île de Raymond ne subit aucune culture Ogm puisque l'Etat français avait fort heureusement décidé un moratoire sur les cultures transgéniques.  

Le projet de la Communauté de Communes du Vallon de l'Artolie de racheter l'île pour préserver cette zone humide alluviale, la dernière de la Garonne, accueillant un élevage biologique de moutons blackface, protégeant la faune et la flore, connut bien des difficultés, les esprits ayant parfois du mal à penser les choses autrement et à imaginer un avenir différent du passé ; une poignée d'élus s'opposèrent jusqu'au bout à ce beau projet.
Aujourd'hui, l'île de Raymond est métamorphosée, la collectivité s'est réapproprié le lieu et l'écologie a gagné, preuve que le travail patient et le courage politique peuvent l'emporter sur les calculs à court terme.
DJ
Inauguration de l'île de Raymond, le 1er avril 2012. Photo Equivox, François Laforêt.